Évaluation ethnopharmacologique dans la région d’El Oued (Algérie), formulation et efficacité d’une pommade à base des plantes pour le traitement des brûlures

Abstract

Cette étude vise à évaluer les connaissances ethnopharmacologiques locales ainsi qu’à formuler et évaluer l’efficacité d’une pommade à base de plantes médicinales traditionnellement utilisées dans la région d’El Oued (Algérie) pour le traitement des brûlures. Ce travail répond à un besoin croissant de solutions thérapeutiques naturelles, efficaces et sûres contre les brûlures, en s’appuyant sur un riche héritage traditionnel de plantes médicinales. L’enquête ethnobotanique a révélé l’utilisation de 32 espèces végétales appartenant à 25 familles botaniques, avec une dominance marquée des familles Lamiaceae et Asteraceae, reconnues pour leur richesse en composés anti-inflammatoires et cicatrisants. Cinq plantes médicinales clés ont été identifiées sur la base de leur valeur d’usage (UV) et fréquence de citation (DF) élevées par la communauté locale :Artemisia campestris, Teucrium polium, Urtica dioica, Aloe barbadensis et Pistacia lentiscus, reflétant une forte confiance dans leur potentiel thérapeutique. Les analyses de laboratoire ont montré des variations dans les rendements d’extraction aqueuse, Artemisia campestris affichant le rendement le plus élevé (19,22 %), suivie de Urtica dioica (14,18 %) et Teucrium polium (8,4 %). Une pommade expérimentale a été formulée à partir des extraits de ces cinq plantes et évaluée sur le plan physicochimique. La formulation présentait une texture homogène et un pH approprié (5), bien que des agrégats microscopiques aient été observés à la suite de l’ajout tardif du gel d’Aloe barbadensis après refroidissement. L’évaluation clinique a impliqué 50 volontaires. Parmi eux, 78 % ont exprimé une préférence pour les produits à base de plantes, et 90 % se sont dits prêts à utiliser le produit si son efficacité était confirmée. Le taux de satisfaction globale s’élevait à 77,43 %, avec des suggestions d’amélioration concernant le parfum (30 %) et la texture (4 %). La pommade a montré une absorption rapide (54 % en moins d’une minute) et une bonne tolérance cutanée, avec 63,27 % des participants rapportant une hydratation sans effets indésirables. En outre, des tests biochimiques, macroscopiques et microscopiques ont été réalisés sur des rats pour évaluer l’effet topique de la pommade sur la peau. Les résultats ont révélé une amélioration notable des tissus cutanés chez les rats traités par rapport au groupe témoin, avec une réduction des marqueurs inflammatoires et une meilleure organisation cellulaire, ce qui indique une efficacité thérapeutique dans l’accélération de la régénération cutanée. Les analyses hématologiques ont mis en évidence des perturbations systémiques liées à l’état post-brûlure, notamment une leucocytose, signe d’une réponse inflammatoire aiguë. Les formulations testées – en particulier la pommade préparée localement – ont montré une capacité significative à moduler ces paramètres. Des signes d’anémie ont également été observés (nombre de globules rouges = 8×10¹²/L, hématocrite = 37 %, hémoglobine = 12,5 g/dL), avec une amélioration partielle après traitement. La présence d’une thrombocytose réactive a confirmé l’impact hématologique des brûlures. En conclusion, cette étude met en évidence le potentiel thérapeutique d’une pommade à base de plantes formulée localement pour le traitement des brûlures. Les résultats soutiennent le développement d’alternatives thérapeutiques naturelles, efficaces et sûres, fondées sur les savoirs traditionnels.